(CercleFinance.com) - La tension n'est pas retombée sur le secteur obligataire, loin s'en faut, mais c'est assez compréhensible : mieux vaut se préparer au discours le plus 'faucon' de la Fed en espérant des propos 'équilibrés' concernant l'inflation, que de parier -et d'essuyer un démenti- sur le fait que Jerome Powell est le meilleur ami des marchés depuis des années et s'efforcera de calmer le stress des détenteurs d'instruments obligataires, victimes d'un krach sans précédent depuis 40 ans.

Chaque parole prononcée lors de sa conférence de presse sera examinée à la loupe.

Si une hausse de 50 points de base de ses taux directeurs est déjà largement intégrée dans les cours, le principal enjeu demeure le rythme de réduction de la taille de son bilan: à terme, un rythme de vente d'actifs de 90 à 100Mds$ par mois (soit environ 1% de l'encours de 9.800Mds$) assèchera la liquidité, mais c'est voulu.

L'impact sera atténué par une réduction de faible intensité le premiers mois puis la forte hausse des rentrées fiscales dues à la croissance très soutenue observée en 2021 (+7%), ce qui réduira les émissions du Trésor US pour financer les déficits jumeaux (budgétaire et commercial).

Bon nombre d'opérateurs espèrent ainsi que le patron de la Fed signalera ce soir que la banque centrale est prête à modérer son action afin de s'adapter à la récente décélération de l'activité.

En attendant, les T-Bonds se tendent de +3Pts à 2,983%, le '20 ans' caracole à 3,28% (30Pts de plus).

Du côté des statistiques US les investisseurs ont pris connaissance de La croissance de l'activité dans le secteur des 'services' américain qui s'est révélée moins forte que prévu en avril.

L'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) publiée ce mercredi a reculé à 57,1 le mois dernier, contre 58,3 en mars, alors que les économistes s'attendaient à une petite hausse autour de 58,5.

C'est la composante des nouvelles commandes qui a subi le recul le plus marqué, à 54,6 contre 60,1 le mois précédent, suivi du sous-indice de l'emploi, qui a baissé à 49,5 après 54.

La composante liée à l'activité et à la production a revanche augmenté, passant à 59,1 contre 55,5 en mars.

Autre chiffre très suivi, l'enquête mensuelle 'ADP' sur les créations de postes dans le secteur privé non agricole aux Etats-Unis : il n'a généré que +247.000 emplois en avril, c'est à dire loin du consensus de +400.000, après les 479.000 créations de mars (révisées d'une estimation initiale qui était de +455.000).

En particulier, le secteur des prestations de services a créé 202.000 emplois (dont 77.000 dans les loisirs et l'hôtellerie, ainsi que 48.000 dans l'éducation et la santé), tandis que celui de la production de biens en a généré 46.000.

Le déficit commercial des Etats-Unis a explosé de +22,3%, à 109,8Mds de dollars au mois de mars, par rapport à celui de 89,8 milliards du mois précédent (qui a été révisé de 89,2 milliards en estimation initiale), selon le Département du Commerce.

Cette lourde dégradation d'un mois sur l'autre reflète une envolée de 10,3% des importations de biens et services à 351,5Mds$, que n'a pu compenser une croissance de 5,6% des exportations, à 241,7 milliards.

En Europe, les bons du Trésor confirment les records de rendement observés la veille, l'OAT affiche +3Pts à 1,5020%, même écart sur le Bund à 0,985%, les BTP italiens flambent de +10Pts à 2,9560% (ils viennent égaler le rendement des T-Bonds US) et les Bonos espagnols +6Pts à 2,067%.

Ce sont les 'Gilts' qui s'en sortent le mieux avec seulement +2Pts à 1,978%, soit 100Pts de moins que les T-Bonds.

A noter ce chiffre publié en France ce matin : l'indice PMI composite S&P Global de l'activité globale s'est redressé de 56,3 en mars à 57,6 en avril, signalant la plus forte croissance de l'activité du secteur privé français depuis le début de l'année 2018.

Cette tendance a principalement reflété le dynamisme du secteur des services, où l'expansion s'est accélérée pour un troisième mois consécutif, alors que la production manufacturière a augmenté de façon modérée au cours du mois.

'Une fois passé l'effet de rattrapage lié au rebond post pandémie, un ralentissement de la croissance apparaît fort probable', prévient S&P Global, ajoutant que 'les tensions inflationnistes pèsent également fortement sur les perspectives'.

A noter que la FED n'est pas la seule à s'attaquer à l'inflation : l'Inde vient de remonter son taux directeur de +40Pts à 4,4%, afin notamment de soutenir la Roupie, car cela permettrait de réduire l'inflation importée

En Australie, le rendement du '10 ans' continue de grimper : il affiche +6Pts à 3,465% (la banque centrale avait relevé son taux directeur de +25% à 0,35% la veille) après avoir culminé à 3,57%, contre 3,25% lundi.

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