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Si je vous dis 33 sur 56 ? Que répondez-vous ? En période d’examen, certains répondraient 12/20, passable, moyen, sans plus. Et bien c’est exactement la situation du nucléaire français actuellement. Seulement 33 réacteurs sur 56 sont à ce jour en fonctionnement alors que le pays et l’Europe sont confrontés à un défi majeur de leur histoire commune : l’indépendance énergétique face à des partenaires historiques belliqueux.

Aujourd’hui, près de la moitié des réacteurs est immobilisée. C'est du jamais vu et c'est préjudiciable sur beaucoup de points : écologique, car se sont souvent des sources carbonées qui sont utilisées en remplacement ; Économique puisque ce schéma est loin de l'optimum ; Géopolitique ; Et ce sans parler du grain à moudre livré sur un plateau aux antinucléaires qui présentent la situation comme matérialisant l'impasse d'une énergie dangereuse et inefficace.

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[Centrale nucléaire de production électrique]

La France aurait dû se positionner en leader européen sur ce sujet. Mis en valeur par le contexte géopolitique actuel créant une période de forte inflation des prix de l’énergie et induisant une refonte de nos options énergétique, l’outil nucléaire français aurait dû convaincre les sceptiques comme les fanatiques que les orientations stratégiques suivies dans les années 70’s pendant les chocs pétroliers sont encore pertinentes. Mais les contraintes techniques et règlementaires à l’origine des arrêts l’en empêchent.

La réglementation française impose en effet à chaque réacteur, tous les 10 ans, un rendez-vous important d’audit à l'issue duquel son exploitation ne peut être prolongée pour 10 années que s'il répond à des normes et spécifications constamment mises à jour, en raison de l’évolution de la réglementation, s'appuyant sur le retour d'expériences nationales et internationales, et éventuellement sur des pressions sociétales.

Malgré cela, la feuille de route du président fraichement élu prévoit le développement du parc nucléaire français, levier pour accélérer la transition énergétique décarbonée.

Dans son programme pour les 5 prochaines années, Emmanuel Macron a notamment annoncé la construction de 6 à 14 EPR. Une motivation induite par la volonté d’affirmer l’autonomie énergétique française, mais également de contribuer à décarboner la production du pays. En effet, la mise en service des premiers EPR de ce plan pourrait permettre de compenser d'importantes baisses de production dans les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre tout en satisfaisant la hausse prévue de la consommation.

Sur le long terme, la filière nucléaire devrait donc jouer un rôle primordial en vue d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, condition sine qua non fixée par le GIEC pour prévenir les conséquences les plus dévastatrices de la crise climatique.

Le nucléaire serait-il alors la réponse la plus appropriée à l’urgence climatique ? C’est en tout cas celle que semble envisagée par le Président.

Article rédigé le 24/05/2022 par Louis-Antoine Michelet, Nacalcaan Finance pour TV Finance

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