(CercleFinance.com) - Les marchés obligataires ont connu la semaine la plus volatile des 40 dernières années (depuis 1981), avec des écarts paroxystiques allant jusqu'à 100Pts en quelques heures sur les taux courts et de 60Pts sur les taux longs : du jamais vu.

Une telle séquence en 'portes de saloon' n'avait même été observée en septembre 2008 lors de la faillite de Lehman, puis le sauvetage d'AIG une semaine plus tard.

Les acteurs de marché ont dû jongler avec le retournement complet des anticipations concernant la lutte contre l'inflation ces 18 prochains mois, avec une longue liste de sujets d'inquiétude macro-économiques (bulles de crédit, menaces d'une récession mondiale), puis des risques de faillite en cascade de banques régionales aux Etats Unis, et presque simultanément -mais sans lien direct- avec la désintégration boursière de Credit Suisse, sauvé à coup de dizaines de milliards (50Mds de ChF) par la BNS.

C'est finalement le 'risk off' qui l'emporte, assez logiquement, à la veille du weekend et cela se traduit par une nouvelle détente spectaculaire des taux sur l'ensemble de la courbe (et pas seulement le '10 ans').

Le rendement des OAT dévisse de -14Pts à 2,6600% (et 2,64% au plus bas, soit -35Pts hebdo), les Bunds de -13Pts à 2,0800% (-42Pts hebdo), les BTP italiens de -11Pts à 4,045%.

Outre Manche, les Gilts effacent -12Pts à 3,306%, soit -33Pts hebdo.

Sur les maturités courtes, l'OAT '2 ans' efface -17Pts ce vendredi à 2,48% et -70Pts sur la semaine (plus forte variation du 21ème siècle en 5 séances, mais également plus forte variation en une seule séance avec les 60Pts d'écart du 15 mars entre 3,11% et 2,51%).

Rappel, le '2 ans' français affichait 3,43% le 8 mars dernier.

Mais cette volatilité folle a été surpassée par le '2 ans' US le 15 mars avec 70Pts d'écart entre 4,42 et 3,72% (c'est également le score hebdomadaire), et la plus forte volatilité de l'histoire en 3 séances s'est matérialisée entre le 9 et le 13 mars, avec un écart de -113Pts entre 5,0700 et 3,9400%, puis 6 séances avec un plongeon de -135Pts (soit l'équivalent de 5 baisses de taux anticipées d'ici fin 2024).

Les T-Bonds US 2033 se détendent eux aussi de -20Pts à 3,385%, et de -30Pts sur la semaine.

Cette forte décrue est bien plus révélatrice d'un profond malaise sur les marchés que précurseur d'une période favorable parce les taux rebaissent.

Il y avait également beaucoup de 'stats' ce vendredi : le chiffre le plus surveillé aujourd'hui concernait l'inflation annuelle de la zone euro : elle s'est établi à 8,5% en février 2023, contre 8,6% en janvier selon Eurostat. Un an auparavant, il était de 5,9%.

Le taux d'inflation annuel de l'Union européenne s'est établi à 9,9% en février 2023, contre 10,0% en janvier. Un an auparavant, il était de 6,2%.

Les taux annuels les plus faibles ont été observés au Luxembourg (4,8%), en Belgique (5,4%) et en Espagne (6,0%). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Hongrie (25,8%), en Lettonie (20,1%)

et en Tchéquie (18,4%).

En février les plus fortes contributions au taux d'inflation annuel de la zone euro provenaient de l'alimentation, alcool & tabac (+3,10 points de pourcentage, pp), suivi des services (+2,02 pp), des biens industriels hors énergie (+1,74 pp) et de l'énergie (+1,64 pp).

Des chiffres également aux Etats Unis, avec pour commencer une production industrielle américaine qui a stagné en février, selon la Réserve fédérale.

Le taux d'utilisation des capacités industrielles est resté stable, à 78%, niveau inférieur de 1,6 point à sa moyenne de long terme (1972-2022).

L'indice des indicateurs avancés a poursuivi son repli en février, a annoncé vendredi le Conference Board, ce qui renforce le scénario d'une récession dans les mois à venir.

Cet indice considéré comme précurseur a reculé pour le 11ème mois consécutif, signant un nouveau repli de 0,3% après sa baisse de 0,3% au mois de janvier, conformément aux anticipations du marché.

Enfin, Le moral des ménages américains s'est dégradé en mars, à en croire les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan publiés ce vendredi.

L'indice de confiance compilé par l'université du MidWest a reculé à 63,4 contre 67 en février, alors que les économistes et analystes prévoyaient un indice inchangé, autour de 67.

La composante mesurant le jugement des consommateurs sur leur situation actuelle s'est particulièrement détériorée, passant à 66,4 après 70,7 le mois précédent.

Celle des perspectives a reculé dans une moindre mesure, à 61,5contre 64,7.

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